METHODES SYNTHETIQUES & METHODES ANALYTIQUES
Alors, voila briêvement, je suis ingénieur aéro-elasticien, mais ma passion c’est plutôt les petites machines rapides, ou tout du moins efficaces, et l’industrie lourde des gros porteurs, ça roupille beaucoup trop à mon goût, bref c’est pas de ce côté qu’il faut chercher l’innovation.
Si j’avais eu vent de votre stage de conception "avions légers", j’y aurait participé avec grand plaisir, mais je viens just de découvrir votre association, et je me pose une question, qui a l’air fondamentale à vos yeux :
Je ne cerne pas bien ce que vous appelez "methodes synthétiques" en regard des methodes analytiques (que vous jugez "classiques")....
Pour faire simple : avec les méthodes analytiques, vous fixez 9 paramètres et vous calculez le 10 ème, avec une méthode synthétique, vous fixez 1 paramètre, et en fonction des exigences du cahier des charges (masse à transporter, vitesse, distance franchissable), vous calculez les 9 autres... Evidemment, comme peu de choses sont connues, nous fixons des paramètres plausibles (issus des statistiques), et nous procédons par itérations successives. La méthode constitue l’inélégance par excellence pour les puristes mathématiciens, mais la méthode marche, elle est compréhensible par le quidam moyen (qui veut résoudre un problème pratique et qui s’en fout de la méthode : lui, à terme, il veut voler) et, autre avantage, elle est autocorrectrice : 2 choses l’une : soit il y a une réponse au problème et les itérations font que tous les paramètres convergent vers leur valeur finale, soit il n’y a pas de solution et les paramètres divergent : il faut donc modifier les conditions de départ, ou modifier le cahier des charges. Nous, nous faisons cela sur le papier, d’autres le font sur objet (il faut se remémorer l’aventure ATL de chez Robin dont la première itération sur objet était : 195 kg à vide et 43 cv, et la dernière itération : 340 kg, et 85 cv... toujours insuffisants)
Question de F.M :... J’ai pour ma part travaillé avec des méthodes anglo-saxonnes assez décevantes type "Raymer, Roskam, Torenbeek", du nom de leurs auteurs, qui sont des bibles dans l’industrie (surtout le monde anglo-saxon), mais qui ne permettent au final au mieux que d’égaler ce qui se fait de plus performant, mais certainement pas de progresser....
La réponse :
On peut qualifier l’aérodynamique (subsonique s’entend) comme une "science close". Tout ou presque, est déjà connu. Tout ou presque a déjà été testé, et les anciens étaient certainement moins manchots que les modernes qui semblent être handicapés par la technologie censée les aider, une technologie qui permet, certes, de formidables performances en terme de rapidité, mais qui a la fâcheuse tendance à rendre la pensée visqueuse... La roue existe, inutile donc de la réinventer. En revanche, il y aurait de gros efforts à faire en termes d’adaptation (des moyens aux fins), et d’optimisation qui n’est certainement pas une maximisation d’un paramètre comme l’entend le sens commun (pendant que les autres paramètres dérivent...), mais au contraire la recherche de la constellation des valeurs pour les paramètres, qui permettent, ensembles, de donner le résultat le mieux adapté au cahier des charges initial. Le progrès aérodynamique n’est donc pas illimité ! Au contraire, et cette limite est asymptotique : on pourra toujours s’en rapprocher d’une quantité, d’abord de plus en plus petite, nécessairement ; ensuite on pourra le faire pour un coût qui, lui, est exponentiel. Le tout est de savoir à quel prix on fixera la limite de l’acceptable économique.
Question de F.M :...En fait je ne suis même pas arrivé par ces méthodes à redéfinir un avion type MC-100 ou MCR-01 VLA (je pensais "étalonner" les formules d’estimation statistiques avec ce type d’avion, sans succès). J’avais dans l’idée de dessiner un jet de sport autour de 2 DGEN de Price-Induction, mais je suis arrivé assez rapidement aux même conclusions que votre étude sur la propulsion "on-line", c’est-à-dire que la poussée de ces moteurs n’est vraiment pas suffisante (si jamais ils voient le jour) pour garantir une vitesse de croisière qui donnerait une consommation au kilomètre raisonnable (en dessous de 250 noeuds, ça ne semble pas valoir le coup). Quant au budget pour le réaliser.......
Votre site ne fait d’ailleurs pas mention de vos activités en dehors du stage annuel et on en sait assez peu sur votre association au final (on a envie d’en savoir plus !).
La réponse :
Nous sommes tous des bénévoles, dispersés qui plus est sur tout le territoire national, ce qui ne simplifie pas les choses. Chacun bidouille donc dans son coin, selon ses potentialités dont la première est le temps. Le moment fort est évidemment notre stage de juillet où quantité d’anciens membres reviennent, soit pour rafraîchir leurs connaissances ou pour dépasser leur acquis, soit pour faire profiter les autres de leurs réflexions, mais tous reviennent surtout pour le plaisir de partager intensément une passion commune qui ne se limite pas seulement à voler.