LES AILES VOLANTES
Question d’un amateur :
Je souhaite avoir votre avis sur les ailes Fauvel : L’élimination de l’empennage horizontale fait-elle l’économie d’une trainée parasite ?
Bonjour,
C’est typiquement le genre de questions sur lesquelles débouche notre stage !
Pour faire court :
– un fuselage (corps long) ne travaille pas aux mêmes Reynolds qu’une aile. Les coefficients de frottement y sont beaucoup moins pénalisant.
– reste qu’un fuselage concentre surtout toutes les aberrations aérodynamiques, sources de traînées de pression, ce qui est une toute autre histoire.
– plus le fuselage est long (ex. : bombardiers allemands), plus les surfaces portantes arrières (verticales et horizontales qui "trainent") peuvent être petites (bras le levier ou "volume" d’empennage),… et donc plus légères.
– Plus le "volume" d’empennage est grand, plus est grande la capacité de l’aile à être hypersustentée… sans trop de déportance arrière (le Czmax avion complet peut-être plus important)
– Plus le Czmax (avion complet) est important, plus la surface aile peut être réduite (en traînée et en masse, malgré l’augmentation de la masse spécifique de l’aile qui est plus importante puisque grevée des systèmes hypersustentateurs).
Reste qu’une aile volante dont la surface aile (à profil de mission identique) est largement plus importante que celle d’une formule classique, présente naturellement un volume plus important (et un moment quadratique nettement plus important, donc a priori plus légère), et donc une répartition en envergure plus favorable des masses à transporter, notamment du carburant. L’aile volante va donc naturellement traîner plus (en frottement), mais moins en traînée induite… Autrement dit, il y a des transferts de paramètres qui s’opèrent.
Tout dépend donc du profil de mission à remplir, et seul un bilan comparatif des formules pourra répondre à la question du meilleur compromis. D’où l’intérêt d’avoir une vision synthétique du système global avion, que seul Inter-Action apporte durant son stage.
PS : les Allemands, très pragmatiques, ont mis en concurrence 2 projets de bombardier sur un même profil de mission, avec une même motorisation, la formule aile volante (à peine plus lourde mais globalement moins performante) n’a pas dépassé le stade du prototype (voir comparatif ci-joint).
Il est vrai que si le profil de mission avait été de bombarder New-York en décollant de Berlin que le résultat aurait peut être été différent ! D’où l’intérêt de la modélisation qui, seule, permet de répondre aux questions de ce type.
Bien cordialement
InterAction
Association de Sauvetage Créatif du Savoir Aérotechnique
